Les années précédentes, c’était déjà un véritable marathon de survivre à ces trois jours de concerts, à raison de douze heures de musique par jour, de 18h à 6h, sans compter les apéros concert du midi, au bistrot du village. Mais cette année, Musicalarue nous « a tuer » avec quatre jours de festival.
Imaginez un paisible petit village de sept cents habitants au beau milieu de la forêt des Landes. Au 15 Août chaque année, dans le bourg, se monte une dizaine de scènes, de la plus intimiste dans l’église à celle accueillant des milliers de festivaliers. Et la magie se fait. Ce qui fait le charme du lieu, c’est à la fois le joyeux mélange entre musique et arts de rue, la grande diversité de sa programmation qui réunit différentes générations et l’authenticité de son cadre qui crée une ambiance que l’on ne retrouve nulle part ailleurs. Sans oublier les bons produits que l’on peut y manger : le sandwich Rossini (foie gras et magret) est immanquable. Certes aux heures de pointe, c’est l’embouteillage sur la place du village, mais il y a toujours moyen de trouver un endroit calme dans les recoins du bourg. Musicalarue est une fête de village qui a beaucoup grossi au fil de ses vingt-trois éditions : il y a quelques années, on pouvait encore voir ses habitants jouer à la pétanque sur la place du village l’après-midi. Aujourd’hui avec plus de 45 000 festivaliers en quatre jours, ils se font rares, mais Luxey est entré dans la cour des grands, sans rien perdre de son charme.
Cette année encore, la programmation était de qualité. Eclectique et intergénérationnelle. Beaucoup de chanson française, avec Aldebert, Batlik, Chloé Lacan, Juliette, La Grande Sophie, Tiou, Yves Jamait, R-Wan… mais aussi plus rock comme Didier Wampas & The Bikini Machine ou Johnny Montreuil, plus festif avec les Hurlements d’Léo et les fils de Teuhpu ou Les Lacets des Fées et carrément punk avec Brassen’s Not Dead. Un brin de rock garage, avec Magnetix parce que Bordeaux n’est pas si loin, quelques mesures de rap avec Orelsan et un peu de hip hop et d’électro (Comic Strip ou Deluxe). Il y avait aussi tous les inclassables, comme le collectif On y pense, composé avec Guizmo, Zeitoun, Alee et le Pied de la Pompe. Sans oublier quelques fanfares pour animer les apéros : les indélogeables Sans Soucis et Lous Astiaous, et même un orchestre, le JOSEM, composé uniquement de jeunes musiciens.La scène internationale n’était pas en reste avec la présence de Paco Ibanez (Espagne), Rodrigo y Gabriela (Mexique), Shantel et Dirty Honkers (Allemagne) ou Moriarty (USA). Les programmateurs mettent aussi l’accent sur la découverte des groupes locaux et émergeants : en mai, « Musicalarue sur un plateau » ouvrait sa scène à vingt-cinq groupes, dont neuf sont entrés dans la programmation finale : C’est Bien Ben, Le Larron… Bref le cocktail parfait, tout y était, car en plus de la musique, Luxey réserve aussi une partie du village pour les arts de rue : cirque, jonglage, magie, humour et poésie et même un improbable manège.
Que retenir de ce joli bazar ? S’il faut faire un choix, pour moi, la version Luxey 2012, ça aura été l’incroyable spectacle de Noël de Tony Clifton, l’avènement de Didier Wampas (« Didier Wampas est le roi »), le bel hommage fait à Boby Lapointe par Nicolas Jules, Dimoné, Evelyne Gallet, Imbert Imbert, les facéties de Thomas Fersen, l’univers métissé et festif de Shantel, les guitares endiablées de Rodrigo y Gagriela, le plaisir de réentendre les vieux titres deThiéfaine. Et il ne faut pas se leurrer, un peu de blanc limé ! A FrancoFans, on est tous d’accords : Luxey c’est le meilleur festival du monde – pas moins.
http://www.musicalarue.com
Audrey Lavallade
Photos Odile Hervois