Les 8 indispensables du FrancoFans 55


LA GALE

Salem City Rockers

(Vitesse records)

Après une première épidémie apparue en 2012, La Gale vient nous démanger de nouveau en compagnie des producteurs INCH et Al’Tarba. Musicalement plus noir que son prédécesseur, Salem City Rockers nous présente également plus de diversité au coeur même d’un hip-hop percutant. Au carrefour du rap, du punk et de l’électro, la rappeuse suisse a aujourd’hui gagné en assurance en ajoutant un côté world (Pétrodollars) ou country-blues (Qui m’aime me suive) sur certains morceaux. Si le beat est globalement lourd, les instrus se font agressives, planantes ou étourdissantes pour mieux servir le propos. Révoltée contre la vie actuelle, Karine Guignard, aka La Gale, ne se sent finalement plus en phase avec son époque. Sombre et vindicative, sa plume tient en effet plus du corbeau que du rossignol ! Un disque à écouter et réécouter avant de le ranger aux côtés de Keny Arkana et La Canaille.

www.facebook.com/callmemonster

Nicolas Claude


LUKE

Pornographie

(Jive Epic)

Les membres du groupe Luke s’étaient fait discrets depuis la parenthèse solo de Thomas B., jusqu’à l’annonce tant attendue de leur cinquième album, fin 2014. Et le voilà, survitaminé et rageur : Pornographie est là pour péter les membranes des hauts-parleurs. La machine à tubes n’est pas rouillée, et ce n’est pas leur premier single C’est la guerre, présenté sur leur site, qui nous fera penser le contraire. Et il n’est pas le seul, Rock’n Roll, est sans conteste le prochain qui marquera les esprits, titre hyper efficace et mélodique, comme le chante Thomas : « j’veux qu’ça cogne ! » Quelque part en France assène une critique acerbe du monde actuel, des mentalités, des politiques, où tout le monde en prend plein la gueule. On trouve aussi des belles ballades comme Rêver tue, Solitaires ou un émouvant Indignés qui prend aux tripes. Retour gagnant pour ce groupe, Pornographie est un album sans illusion ni concession.

www.luke.com.fr

Matthias Swierzewski


MAZARIN

La croisée des chemins

(At (h)ome)

On l’a attendu, ce premier album solo du chanteur de La Casa. Son nom a été dévoilé à nos lecteurs comme Coup de coeur de Thiefaine, pour qui il a composé deux titres dont La ruelle des morts. Un premier album donc, mais un nom déjà bien installé et un talent indéniable, particulièrement pour ses compositions exquises et enivrantes. Pierre Le Feuvre, alias Mazarin, nous balade en douceur avec ses mélodies rythmées, entre instruments acoustiques (guitares folk et classique), électriques (dont la guitare de Lucas Thiéfaine) et électro avec les synthés. Le mariage est réussi, un bel équilibre est trouvé pour nous saisir dès la première note et ne pas nous lâcher jusqu’au bout. Pour ne rien enlever au plaisir, Mazarin livre des textes imagés, romanesques et pleins d’espoir... Très attaché à la nature et à la Terre, ce doux rêveur (Notre place au Soleil, La tête dans les nuages) nous offre un album lumineux.

www.mazarin-musique.com

Stéphanie Berrebi


BATLIK

Entre mille bévues

(A Brûle Pourpoint)

Batlik est l’homme qui réalise des albums plus vite que son ombre. Chaque année voit toujours sa moisson de chansons. 2015 sera l’année de l’album live, enregistré en février dans la belle salle de l’EMB de Sannois. Pour l’occasion, c’est entouré de quatre musiciens - contrebasse, batterie, trompette, saxophone et clavier - qu’il a proposé de nouveaux atours musicaux pour ses chansons les plus marquantes des dernières années. Mais toujours au centre de tout, les mots et son jeu si particulier de guitare. Avec déjà neuf albums à son actif, imaginez que le choix était grand, mais aucune bévue dans la sélection, entre autres L’autre, La mer d’Aral ou Les grandes plaines. C’est donc l’occasion de (re)découvrir la prose de Batlik, de parcourir avec lui les méandres de sa pensée atypique loin des sentiers battus par les médias. Entrer dans son univers, c’est accepter le doute, quelques mauvaises pensées mais surtout beaucoup d’humanité.

www.abrulepourpoint.com

Audrey Lavallade


A. SYLVESTRE, A. BIHL, N. MIRAVETTE, D. DANIEL

Carré de dames

(Banco Music / Éditions Raoul Breton / Elise Prod)

En 2012, naissait une création qui aurait dû être éphémère, mais le plaisir des quatre dames à jouer ensemble et le nôtre à les écouter, les a amenées à graver cette rencontre tout simplement magique. Agnès Bihl est clairement la fille spirituelle d’Anne Sylvestre, à tel point que si nous ne connaissions pas leurs répertoires avant, il n’est pas facile, à l’écoute, de savoir qui a écrit quoi ! Vie de femme, vie de mère, vie de maîtresse, vie de Terrienne, l’une comme l’autre font montre d’une plume poétique et engagée et d’un humour pinçant. Aux pianos et parfois aux choeurs et au chant, on apprécie les personnalités bien trempées des deux musiciennes qui donnent une seconde vie, par leurs arrangements, aux morceaux de nos « divas ». Des gens qui doutent à Merci Maman merci Papa, en passant par Carcasse ou La lettre ouverte à Elise, on se régale des morceaux choisis des répertoires de ces deux grandes dames de la chanson.

Stéphanie Berrebi


VALÉRIAN RENAULT

Laisse couler

(Abacada / Éclats Spectacle)

Depuis trois ans déjà, Valérian a délaissé l’enclume pour voler de ses propres ailes. Aujourd’hui, il est de retour avec un premier album solo, Laisse couler. Et c’est un enchantement de retrouver la force de son interprétation et la délicatesse de sa plume. Ceux qui l’ont déjà vu sur scène, seul ou avec les Vendeurs d’Enclumes, ne peuvent oublier son incroyable présence scénique, le même sortilège opère sur album au travers de ses onze nouvelles chansons. En quelques notes, en quelques mots bien choisis, Valérian crée une intimité qui lui permet de conter les lieux qui l’ont charmé et les émotions qui l’ont touché, la beauté, la cruauté et le doute. Avec des aspérités qui touchent au coeur, on a parfois l’impression que sa voix rauque murmure à notre oreille. La noirceur de son écriture qui s’accommode parfaitement du dépouillement d’une simple guitare est sublimée ici par des subtils arrangements. Valérian Renault confirme qu’il est un bel artiste.

www.valerianrenault.com

Audrey Lavallade


RENÉ LACAILLE

Gatir

(Do Bwa / L’Autre Distribution)

Jeune lauréat de l’Académie Charles Cros, René Lacaille revient avec une nouvelle création qui a de quoi surprendre. Dans Gatir, il sort des sentiers de la musique traditionnelle réunionnaise, et arpente les chemins de traverse, laissant libre cours à son inspiration et à ses influences multiples, glanées au cours du demi-siècle qu’il a traversé tantôt en tant que leader ou comme sideman (J.Higelin, Lo’Jo, Fantazio). Il concède la plume à ses enfants Oriane et Marc (Kabaré kréol, Kayemb, Groix, Je suis un livre ouvert) qui, perpétuant la tradition, volent désormais de leurs propres ailes mais continuent à accompagner papa sur scène. René se paie même le luxe de reléguer au second plan l’instrument qui l’a rendu illustre, et revient à ses premières amours : la guitare. Mais qu’on ne s’y trompe pas, René en fut un des meilleurs représentants à La Réunion, notamment aux cotés d’un certain Alain Peters, et se révèle un aussi incroyable virtuose qu’au piano à bretelles.

www.renelacaille.net

Julian Babou


CHLOÉ LACAN

Ménage à trois

(Blue Line / PIAS)

Chloé Lacan, révélée au sein du groupe La Crevette d’Acier, revient pour un deuxième tour de piste avec Ménage à trois. Accompagnée de son infatigable accordéon, elle en exploite les moindres possibilités en le baladant dans des sonorités jazz, chanson et sud-américaines. Chloé a des choses à nous dire : la majorité des chansons dépassent les quatre minutes. Qu’elle mette en avant son côté théâtralisé, qu’elle nous chuchote aux oreilles ou qu’elle se fasse poignante, la chanteuse multiplie les subtilités dont elle se sert à bon escient. Tout est sur le fil, dans les rires comme dans les larmes. La condition féminine, l’appréhension du temps, la transmission, l’indépendance, la fragilité du couple et l’amour familial, tout est lié d’une façon ou d’une autre dans cet album qui aime décrire les instants suspendus. La mère, la femme, l’enfant, Chloé les embrasse tous les trois dans un tango fragile plein d’espoir, dans lequel les mots jouent et explosent.

www.chloelacan.fr

Benjamin Valentie