TONY MELVIL
La cavale
(At(h)ome#Lab / Le Terrier Productions)
Son premier opus, Tentative d’évasion, avait marqué les esprits. Ils sont rares les artistes qui choisissent d’explorer de façon aussi simple le côté sombre de la vie. Tony Melvil ose, et ce nouvel EP, La cavale, est dans la continuité du premier. La colère s’exprime peut-être davantage encore, au travers de textes qui évoquent l’enfermement intérieur, moral et social. Les textes sont fantaisistes, désespérés, ironiques et désabusés, sombres et chaleureux à la fois, à l’image de l’Homme dans la complexité qui le caractérise. Portés par des mélodies plus étoffées que sur le premier album, ils sont porteurs de belles émotions. Écoutez Les miroirs à l’envers ou encore Sans langue sans visage et vous comprendrez ! Pour cet album mixé par Dominique Ledudal (Higelin, Les Innocents, Delerm...), Tony Melvil nous dévoile un travail très complet et ce cinq titres laisse augurer un accueil très favorable du public.
Sandrine Palinckx
LES OGRES DE BARBACK
Vous m’emmerdez !
(Irfan le Label)
Avec son titre provocateur, Vous m’emmerdez ! reflète vingt ans d’activisme musical : pour le groupe, c’était donc l’occasion de rendre hommage à Leprest (Pages de ma vie), de faire un clin d’oeil à Renaud (Ma guinguette préférée) et d’inviter quelques-uns de leurs grands-frères comme Têtes Raides ou Lo’Jo. Ainsi, avec ses chansons sans frontière aux accents musette, rock, world et même hip-hop, la fratrie propose un nouvel hymne à la liberté et à la tolérance qui passe autant par la musique que par les textes : on y parle de la France puis on voyage en Afrique avec la fanfare béninoise Eyo’nlé et en Europe de l’est avec Csokolom et le chanteur Rom Gavrish Borki. Poètes contestataires ou simples humains révoltés, Les Ogres suspendent leurs mots et leurs mélodies à nos coeurs et nous immergent dans ce nouvel opus plein de vie, à l’instar de ces saynètes en arrière-plan de certains morceaux...
Nicolas Claude
LA MINE DE RIEN
Avec des si
(Mediatone / Tête de Pioche)
La Mine de Rien revient sur le devant de la scène avec un nouvel opus très prometteur, Avec des si. Dans un esprit chanson française désabusée mais cependant festive, le groupe délivre seize nouveaux titres hauts en couleur. L’écriture déjà très fine sur les précédents albums s’est encore enrichie (il suffit d’écouter les titres Avec un grand A, L’un contre l’autre, Livre à vous...) et tourne autour du rapport à l’autre. La voix de Yoshk@, très expressive, délivre une chanson posée sur des accords tsiganes, swing, reggae, musette, aux mises en place sans anicroches. Cerise sur le gâteau, les invités qui offrent leur savoir-faire sur certains titres : Fredo et Alice des Ogres de Barback sur Mélodie et Avec des si, Mourad de La Rue Kétanou sur L’envers du décor, le groupe confirme ainsi la reconnaissance par ses pairs. C’est désormais dans la cour des grands que le groupe officie, et ce nouvel album mérite le détour !
Sandrine Palinckx
LA MEUTE RIEUSE
Nos émois
(Musical’Sol / Irfan)
Le printemps est là et le soleil du sud rayonne déjà dans nos oreilles avec ce nouvel opus du trio bittérois. Toujours sous l’oeil de l’Ogre Sam Burgière, La Meute Rieuse livre Nos émois en français et en occitan, avec quelques incursions en anglais. Un mélange des langues pour un album qui transcende aussi les genres musicaux, sur fond de tango. La production est aux petits oignons pour des morceaux qui reflètent l’âme humaine dans ce qu’elle a de plus beau : sa fragilité. Il est bien sûr question d’amour avec notamment le morceau d’introduction Il sait pas, mais aussi des doutes sur le monde (Ma ville, Vauriens...). Loïc Lantoine est venu poser sa voix sur Petite fille de Nougaro, et Blu de Massilia a offert un titre drôle sur l’égocentrisme (Un peu de toi, un peu de moi). Beaucoup d’invités sont présents dans cet album placé finalement sous le signe de l’humain et du partage. Sensible, Camille Simeray laisse transparaître toutes les émotions, de la nostalgie au bonheur avec cette voix à fleur de mots.
Stéphanie Berrebi
DEMI MONDAINE
Aether
(Booster / PIAS)
PJ Harvey aurait-elle trouvé son alter ego français ? Ce qui est sûr, c’est que le timbre rock’n’rauque de Béatrice Brunet, chanteuse du trio parisien, n’est pas sans nous rappeler la chanteuse anglaise. C’est en quatuor que Demi Mondaine impose son rock rythmé aux riffs entêtants. Réalisé par Édith Fambuena (Brigitte Fontaine, REM...), cet opus nous emmène dans des ambiances très diverses : mélancolique sur le tubesque Paris sous la neige ou Jour blanc, plus pop sur Vénale d’amour, ou bien rock sur ce titre composé par Iggy Pop, Private Parts. Comme si Mademoiselle K avait rencontré Muse, le trio, gagnant du Grand Zebrock 2013, fait cohabiter une pop-rock puissante digne de nos voisins d’Outre-Manche et une poésie mélancolique dans la langue de Catherine Ringer... Ajoutez à cela des prestations scéniques de haute volée et comprenez que vous avez devant vous une révélation rock à suivre de près...
Stéphanie Berrebi
DUBAMIX
Pour qui sonne le dub
(Auto-produit)
En ces temps géopolitiques un peu troubles, Dubamix revisite à travers Pour qui sonne le dub la B.O de l’Histoire et, plus précisément, celle de la révolution et des luttes sociales. Dans les onze titres qui alternent entre dubstep, electrodub voire la drum’n’bass, le groupe truffe ses mix de références : on y entend alors des slogans légendaires, des remixes de chansons engagées (Barbara, Dominique Grange, IAM...) des discours politiques (Besancenot, Valls, Sarko) ou des flashs infos sur les crises actuelles (Grèce, Espagne...). Pour donner du relief et de l’interaction, Dubamix invite plusieurs MC à chanter sur des titres. Notons celle d’E.One sur Ils ne cherchaient personne, titre évoquant le massacre d’Oradour-sur-Glane et qui commence par le poignant plaidoyer d’époque du président du tribunal, Nussy Saint-Saiens, lors du procès, en 1953. Un bel ensemble, documenté et pertinent, qui fait habilement le pont entre l’histoire d’hier et celle d’aujourd’hui.
Benjamin Valentie
ZEN ZILA
Welcome Marhaba
(Auto-produit)
Cet album touche par le goût du souvenir, de l’enfance, de la figure Malika qui s’impose avec douceur au coeur du disque. Zen Zila nous raconte toutes les histoires que toute famille un peu méridionale a connues : les départs en vacances chaotiques, le bonheur d’être des gens de rien mais d’avoir au fond beaucoup. La musique est à la mesure de l’ambiance induite dans le disque avec ces quelques notes jouées au oud. L’ironie pointe aussi son nez avec Disco bled, une chanson vraiment drôle qui détonne un peu. On aime sans partage la voix de Wahid Chahib, son texte souvent frondeur mais aussi recelant une tendresse infinie, à l’image de la photo qui orne l’album : une fratrie de jeunes enfants, couleur sépia. Se dépliant en origami, le disque se révèle comme une forme de surprise, avec un graphique soigné, une façon de nous dire Marhaba : bienvenue, salut. Avec plaisir.
www.facebook.com/officielzenzila
Florence Marek
BARRIO POPULO
Kordobella
(Carotte Production)
Ils avaient semé le Désordre en 2012 avec leur premier album. Un Désordre d’ailleurs bien accueilli par les médias. Les huit membres de Barrio Populo nous présentent aujourd’hui Kordobella, un nouveau disque tout aussi prometteur, présenté dans un format digipack joliment illustré. Si la tendance des morceaux est plutôt rock, avec des parties électriques inspirées et très rageuses qui évoquent la part de rébellion qui gronde en chacun de nous (En toi, hors des lois, Émeute, Pas peur...), elle peut aussi se révéler plus intimiste et centrée sur des émotions pures (Fatima, L’étoile). Des variations de styles révélatrices d’un réel travail de recherche dans la conception des morceaux et qui font qu’amour et révolte, fragilité et nervosité se donnent la réplique tout au long des titres. Le groupe reste ouvert à toutes les influences, ne triche pas et garde cette touche d’authenticité qui lui a valu une première reconnaissance du public. Et c’est fort !
Sandrine Palinckx