Situé sur la côte nord du Saint-Laurent et à proximité de l’embouchure de la rivière Saguenay, le village de Tadoussac est assurément un havre de paix niché au cœur d’une nature grandiose et intacte. S’il est réputé pour être le point de départ de croisières pour apercevoir des baleines à bosses, rorquals et autres cétacés, c’est aussi ici qu’à lieu le Festival de la chanson depuis 40 ans. Pour cet anniversaire, une superbe programmation avait été concoctée et il aurait fallu avoir le don d’ubiquité pour tout voir ! Petit compte-rendu loin d’être exhaustif…
Jeudi 13 juin, c’est dans le hall de l’Hôtel Tadoussac que le coup d’envoi de cette édition a été donné par Myriam Sénéchal, la nouvelle directrice générale du festival. Celui-ci avait été devancé par le groupe français BAB et les Chats qui avait proposé un spectacle jeune public avec l’intervention des enfants de l’école locale St-Joseph.
Sur la scène Jean Gagnon, à l’intérieur de l’Hôtel Tadoussac, Dany Nicolas, originaire de Tadoussac, nous a présenté son deuxième album sorti en septembre dernier. Il avait lancé son projet solo juste avant le Covid après avoir participé aux groupes Kleztory et Sagapool. Cet auteur-compositeur-interprète propose un folk teinté de blues et d'influences country. Très sympa…
Sur la grande scène extérieure, Alex Burger a réchauffé le public grâce à son dynamisme et à ses chansons qui mélangent adroitement country, blues, folk et rock des années 60 et 70. Bonne surprise pour FrancoFans. Derrière lui, la tête d’affiche de la soirée, Gab Paquet nous a offert une prestation surprenante. Artiste parodique, il endosse tour à tour de multiples rôles, d’un artiste country has been à une star pop-rock ridicule en passant par un chanteur lover pour adolescente, d’une vedette du disco, etc. Les chansons sont toujours festives et entraînantes et les textes humoristiques ont plusieurs niveaux de lecture.
Vendredi 14 juin, le programme commence pour moi par un concert étonnant donné par Mehdi Cayenne en duo avec son batteur sur un pont du bateau qui assure la traversée du Saguenay entre Tadoussac et Baie-Sainte-Catherine. Le chanteur dandy se trémousse et se mélange au public avec délectation pour nous délecter de sa pop très groovy aux textes engagés. Il ne fallait pas le rater !
Dans la chapelle protestante de Tadoussac, en solo, la chanteuse française Melba, captive le public par son interprétation et ses textes engagés. Le public est conquis.
Sur la scène Desjardins au sous-sol de l’Hôtel Tadoussac, Paule-Andrée Cassidy nous offre un moment rare de poésie. Elle nous présente les chansons de son album sorti en octobre dernier dont elle est l’autrice. Son interprétation et sa voix nous enveloppent puis nous pénètrent à l’instar de sa reprise de La petite Kurde de Pierre Perret qui laisse personne indemne. Un moment de grâce.
Tête d’affiche de la journée, Philippe Brach, habillé d’une robe de chambre et d’un curieux chapeau, fait son show en toute sincérité et sans artifice. Entouré de ses solides musiciens, il délivre ses chansons au public nombreux. Celui-ci répond présent en chantant et dansant à souhait. Un très bon concert.
J’aurais pu aussi parler de Douance, La Charpie, Tom Chicoine, Safia Nolin, Marjo, David Marin et des Breastfeeders.
Samedi 15 juin est la plus grosse journée du festival. Sur la plage, le concours de sculpture de sable bat son plein par un beau soleil (aucune goutte n’aura entaché ce festival). Côté musique, si la veille, les huit artistes présents depuis une semaine à l’atelier des Chemins d’écriture animé par Xavier Lacouture ont présenté un spectacle commun, ils doivent aujourd’hui faire leur preuve individuellement. Alphonse Bisaillon, Plywood Joe, Baptiste Ventadour et Vanessa Borduas sont assurément les quatre artistes les plus avancés dans leur carrière et font preuve d’un talent certain reconnu par le public. A leurs côtés des artistes encore en développement : Bobo Laurent et ses textes sensibles ; Léïa St-Pierre et sa guitare folk ; LiKouri, sa gouaille et son accordéon ; enfin Rosalie Ayotte et sa pop tout en douceur.
Sur la plage, le groupe Allô Fantôme, emmené par l’auteur-compositeur Samuel Gendron, délivre un show pop-rock rappelant les années 1970 par l’apport d’une flûte traversière et d’un saxophone. Un concert très intéressant par la richesse de ses compositions.
Sur la scène Jean Gagnon, Sandrine St-Laurent nous distille ses chansons poétiques souvent mélancoliques sur une pop-folk agréable.
À l’auberge de jeunesse, nous découvrons Feu toute !, le nouveau projet en trio de Cynthia Veilleux (qui faisait partie du duo Garoche ta sacoche). Au programme, rock alternatif minimaliste mais aux sonorités explosives et énergiques avec des textes engagés comme on aime. Une réussite qu’on suivra. Sur la même scène, Jacques Surette, jeune artiste de la Nouvelle-Écosse, que nous suivons depuis plus de cinq ans, confirme sa progression. Son folk-country-rock teinté de pop est efficacement joué par lui-même et son groupe.
En cette soirée, à côté de la chanteuse inuk Elisapie qui propose un superbe show dans l’église où elle interprète ses succès en Inuktitut ou en anglais, P’tit Belliveau met le feu sur la grande scène extérieure. Entouré de super-musiciens, il livre à un public très nombreux un show rock et festif à souhait !
En même temps, Sandra Contour nous offre, au sous-sol de l’Hôtel de Tadoussac, une chanson française toute en poésie, un beau moment. Une artiste qu’il faudra suivre…
Il faut ensuite descendre dans le sous-sol de l’église pour continuer la soirée et quelle soirée ! Elle commence par le groupe électro-punk DVTR emmené par Laurence Giroux-Do et Jean-Cimon Tellier-Dubé. Ce projet présente le côté hardcore de la chanteuse, meneuse du trio électro-pop Le Couleur. Les titres sont percutants comme Les Flics (sont des sacs à merde) ou Vasectomia. On aime… Enfin, pour finir la soirée, Caravane monte sur la scène, le quatuor nous délivre une prestation rock incandescente, le public est en liesse, on adore et on vous en reparlera…
On aurait pu citer aussi Marco Ema, La Monarque, Belle Grande Fille et tant d’autres…
Dimanche 16 juin, c’est la fin du festival tout en douceur. Le groupe pop Malaimé Soleil ouvre le bal devant les derniers festivaliers en haut des dunes avec pour seul décor le Saint-Laurent majestueux. LiKouri et Bobo Laurent chantent à la Pointe de l’Islet avant une prestation remarquée d’Alphonse Bisaillon sur la petite scène extérieure. Artiste à suivre évidemment qu’on aurait voulu voir au même lieu les jours d’avant.
Une superbe quarantième édition !
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