LA BRIGADE DU KIF
Open bar !
(Chagooprod)
Avec Open bar !, la formation narbonnaise nous ouvre les portes d’une dimension parallèle. Rejetant toute forme de morosité, le groupe nous propose ici de lâcher prise et d’oublier un peu le stress du quotidien. Comme au travers de ses deux premiers albums, La Brigade nous livre un métissage de musiques cuivrées et festives en utilisant la chanson, le punk, le rockabilly et le ska comme sources d’énergie. Avec des morceaux qui montent en puissance, ces sept musiciens ne laissent aucune seconde de répit et c’est pourquoi le brasier qu’ils ont allumé dès les premières notes ne s’éteindra jamais avant les dernières. Certains titres sont indéniablement taillés pour la scène et on a hâte de découvrir en live On fait les cons, À l’arrache ou encore Potes de luxe. En attendant ce moment, La Brigade du Kif se charge surtout de nous rappeler le vrai sens de la vie, celle qui se passe dehors, avec d’autres personnes…
Nicolas Claude
ARNO & SOFIANE PAMART
Vivre
(Pias)
Les pépites naissent parfois d’une improbable rencontre pourtant si évidente. Arno et ses orchestrations musclées et Sofiane Pamart, prodige du piano et compositeur hip-hop. Vivre reprend plusieurs titres en version piano-voix, la basse voluptueuse de Mirko Banovic comme seul soutien. Une des alchimies de cet album repose sur la dualité entre la voix rocailleuse et les mots crus, la douceur du piano et la subtilité des arrangements. On redécouvre le répertoire de la légende belge ou on l’envisage sous un angle totalement différent. Arno est même allé chercher du côté de son premier groupe T.C Matic en revisitant Elle adore le noir et Putain putain, hymne européen qui prend tout son sens en 2021. Santé, Les yeux de ma mère, Dans mon lit, Je veux vivre sont autant de réussites. Mention spéciale pour Tatouages du passé. Ces dix jours enfermés dans le studio ICP de Bruxelles resteront un fait marquant de sa carrière.
Mathieu Gatellier
GOULAMAS’K
Luna roja
(GK Prod)
Même si la musique des Goulamas’K, avec son énergie communicative, est taillée pour la scène, le groupe biterrois donne régulièrement de ses nouvelles, discographiquement parlant. Avec Luna roja, sa nouvelle carte postale musicale, la septième, ça continue de bouléguer dans la garrigue. Toujours adepte d’un ska à crête, cuivré et pêchu, passant allègrement du sautillant au rouleau compresseur rythmique, Goulamas’K a le poing levé, la révolte jusqu’au bout des notes. Autant à l’aise avec la langue d’oc que celle de Molière, puisant au passage dans les cultures catalanes et castillanes, ces néo-troubadours énervés déversent leur prose militante, farouchement libre et métissée, scandée ou chantée. Ici, la colère est festive, chaude comme de la braise, s’emporte dans un bouillonnement de notes, cuivrées et percutantes à souhait. Un album qui s’écoute pied au plancher et qui transpire le sud et l’énergie.
Fabrice Bérard
MANU GALURE
Vertumne
(Le Cachalot Mécanique / Bacchanales Productions)
Vertumne, dieu romain symbolisant le renouveau perpétuel de la nature. Un nom qui correspond bien au contenu de ce nouvel opus de Manu Galure. Un album construit au fil d’une tournée faite à pied, sur lequel il a choisi de faire un travail de recherche sur le son. Les pianos bidouillés à l’aide d’accessoires plus qu’improbables (tétine, trombone, feutrine…) donnent une toute autre couleur à ces instruments classiques. Les arrangements sont très subtils et beaucoup croiront entendre des instruments qui ne sont en fait pas présents. Les textes quant à eux suscitent notre imaginaire (Je ferai la chanson qui n’a rien à voir, J’ai dormi près d’un arbre), revisitent les classiques avec une délicieuse acidité (Vous avez dans votre ville), ou nous invitent à réfléchir au sens que nous voulons donner à nos vies (Comme leur table, Le jour de l’Apocalypse). Tous nos sens sont sollicités et c’est chouette !
Sandrine Palinckx
CLIO
L’amour hélas
(uGo&Play)
D’aucuns se risqueraient à envisager la collaboration entre le crooner punk Iggy Pop et la chanteuse à la voix cristalline comme étant l’événement de ce troisième album (L’appartement). Force est d’ailleurs d’admettre que la surprise est de taille et l’opération rondement bien menée. Mais le véritable exploit réside pourtant tout ailleurs. En effet, Clio parvient une fois encore à exceller dans l’expressivité de sa créativité mélodique hors norme, semblant alors sans limite. Chaque refrain est exquis, percutant, efficace, redoutable. Chaque ligne précise et émouvante, chaque arrangement habilement mélancolique et frénétiquement chic. Du titre d’ouverture (Ai-je perdu le nord) à celui de clôture (L’amour hélas), la traversée comble les appétits pop des plus gourmands (Quelqu’un quelque part, Elle voudrait, Vertige…) et façonne la nouvelle pièce d’une discographie que l’on s’autorisera à aimer d’amour, hélas.
Xavier Lelievre
LES FILS DU FACTEUR
Jusqu’ici ça va
(Rosemarie Records / La Couveuse)
Les Fils du Facteur sonnent toujours… quatre fois ! Quatrième album, quatre musiciens et douze instantanés du monde comme il va… et jusqu’ici ça va ! À l’écoute de ces frangins suisses, on est pris entre les roulis d’une pop efficace et d’un flow scandé, on balance entre ballades, bossa et rock planant. Cette drôle de fratrie guitare, accordéon, percus et claviers en bandoulière, ne s’interdit rien et navigue au gré de ses envies. On y danse, on y regrette, on y voyage car les mots ne sont pas en reste. Entre la délicate nostalgie (Savannah, Le futur), l’état des lieux dans Asphyxie ou le vague à l’âme Des cendres, on pourrait parfois se laisser emporter par un sentiment de douce noirceur ; mais à bien y écouter on y décèle de l’insouciance, des espoirs, une dose d’utopie et une touche d’optimisme. Bref, jusqu’ici ça va et à l’écoute de l’album on se dit même que, maintenant, ça va mieux.
Grégoire Thion
ANTOINE BATAILLE
De l’indécence
(Le Passage / L’Autre Distribution)
D’entrée, le ton est donné. « Puissé-je me livrer à la débâcle et au vertige. Puissé-je tomber et me voir pousser des ailes. » De retour avec un magnifique album, Antoine Bataille murmure à l’oreille du monde. Une poésie empreinte de mélancolie qui sait aussi se faire violence. On se balade dans les étranges sous-bois d’une chanson française qui se fait rare, d’auteurs-compositeurs ou d’interprètes de talent, comme le sont Manset, Murat, Higelin ou encore Décamps. Musicalement, c’est très riche, épuré à souhait et à la fois expérimental, laissant toujours une grande place au piano, mais appuyant sur violons et cordes. Une évolution rythmique, bienvenue, après un chapitre précédent plus posé. L’artiste poursuit sa quête. L’album se termine sur une envolée lyrique et musicale qui nous laisse pantois, sourire aux lèvres. Une envie d’y retourner. Aurons-nous l’indécence de hurler, encore ?
Eddy Bonin
MATHIEU DES LONGCHAMPS
Vivo en Panamá
(Polydor)
L’aventure comme idéal de vie. Telle est la philosophie de Mathieu Des Longchamps. Ce premier album est né sur la route et s’est nourri de tout ce que le hasard peut apporter. Le Panama, Buenos Aires, Cadaquès, Milan et Paris auront été autant de sources d’inspirations et de moments-clés. Parents musiciens, guitariste accompli, mélodiste de talent, ces quatorze titres sont des fenêtres propices à l’évasion. En espagnol ou en français, la nature, les hommes, les femmes et la vie sont magnifiés dans une folk aux accents latino-caribéens bien sentis. La rencontre de ces différents styles se fait naturellement. Le titre Là-bas qui semble se détacher est à la hauteur de cet album qui fait la part belle aux musiciens croisés. Mentions spéciales pour Rumba Clara et Perdóname, deux petits bijoux de sensibilité et pour Héros anonyme, bel hommage à tous ceux qui restent debout malgré les épreuves.
www.facebook.com/MathieuDesLongchamps
Mathieu Gatellier
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