GARI GRÈU
Barka
(It’s OK / Irfan Le Label)
Dans un monde centré sur l’individualisme où le chacun pour soi devient la norme, il est des gens qui résistent. Gari Grèu en fait partie et son nouvel album, Barka, sonne comme un hymne à la différence, à la solidarité et au partage. Normal me direz-vous pour qui connaît Marseille, la cité phocéenne aux mille visages. Une ville qui souffre, mais refuse de baisser les bras (Les retrouvailles). Alors qui dit partage dit plein d’invités, croisés au fil de son parcours musical, chacun étant venu faire souffler un vent de liberté. Sagesse de Tartar(e) dans Yes papillon, engagement de Sally Nyolo sur la condition féminine en Afrique dans Comme une lionne… Il y a aussi Tatou, Guizmo, Daïtman, La Rue Kétanou, tous se joignent à Gari pour nous inviter à prendre le temps… Stop net ! Extrayez-vous du futile, prenez le bonheur quand il est là… le message est clair. Barka (merci) Gari !
Sandrine Palinckx
GRISE CORNAC
Tout baigne
(Rock with You / Inouïe Distribution)
Second CD de Brise Cornac, un événement, tant ce duo angevin intrigue et passionne. Chanson inclassable, disons alternative, musique libre, quasi-expérimentale, univers surnaturel et existentiel. L’étrange voix d’Aurélie Breton accroche. Elle est changeante, douce et rêche, arrachéecrachée, sauvage et sensuelle. Les notes de Quentin Chevrier lui font écho, dans une composition libre et nécessaire. Le tout est habité, follement touchant. Les mots sont finement associés dans une créativité utilisant les allitérations en consonnes sonores pour un effet psychédélique addictif. Ping-pong de noms de fleurs, de couleurs, d’arbres. Les titres sont autant de voyages oniriques, de divagations sur des thèmes qui s’entrecoupent, la nature, le temps, l’amour. Quentin chante sur Dix ans, la voix est tendre, enveloppante, le grain est fin, attachant. De très belles vibrations émanent de ce CD poétique, délicat et riche en émotions.
Annie Claire
SÜEÜR
Éponyme
(Cartel Music)
Si c’est un trio sur scène, Süeür est à la base un duo composé de Florian Serrain et Théo Cholbi. Ici chanteur, ce dernier est aussi musicien, acteur et réalisateur. La verve est prolifique et le son est percutant, de quoi nous faire entrer d’emblée dans une course infernale ! Fusion de hip-hop, rock, post-punk et drum’n’bass, la musique nous guide vigoureusement dans la vie souterraine de l’auteur et dans notre propre part d’obscurité. On peut parfois penser à Vald (Malfamée) ou Stupeflip (Ridé tout Paris) mais cette première mixtape se démarque par son côté macabre et habité, témoignant d’une singularité dans le flow et l’écriture. C’est alors au contact d’une vraie frénésie musicale et envoûtante que les textes explosent. Chaque terme est mûrement réfléchi, rentrant spontanément en connexion avec le mot d’avant ou celui à venir. À la fois instinctif et viril, Süeür transpire de bestialité et d’authenticité.
Nicolas Claude
COMPILATION
Les révoltés du bac à sable
(De Bouche à Oreille / MAD / Pias)
En voici une bien jolie compilation, pour les mômes et les enfants d’abord, mais pas que. Dix-sept groupes ont répondu présent au label des Naufragés, pour la bonne cause, au profit de deux associations, œuvrant auprès d’enfants malades, handicapés ou maltraités. L’énergie est présente partout, les textes hilarants. Et même si tout est réussi, on décernera des bons points supplémentaires à Bob’s NoT Dead! et sa mélodie renardesque, aux Naufragés avec un titre au rythme ska, à René Binamé, les déjantés belges, aux Boulenvrac quand les VRP rencontrent Tulaviok, aux Oreilles Rouges dans un esprit Raoul Petite (que j’aurais bien vu ici, d’ailleurs), au surprenant Yves Jamait, et mention spéciale à Didier Wampas et sa fille Yoko, avec l’excellent Y’a des animaux partout. Le tout illustré par le grand Chester. Les révoltés sont descendus du bloc B, ambiance punky des bacs à sable. Tar’ ta gueule à la récré.
Eddy Bonin
VOLIN
Cimes
(Upton Park)
Magnifique ! Tel est le premier mot qui vient à l’esprit après l’écoute du nouvel album du groupe Volin. Cet opus est une étoile naissante qui s’apprête à s’inscrire avec grâce dans le paysage musical hexagonal. Dès les premières mesures de Descendre en soi, on se retrouve bercé entre indie pop et désirs poétiques. Cimes, le deuxième titre, nous caresse l’écoute à coups d’arpèges de guitare. On se laisse étreindre par un univers mélodique, enivré par la douceur. Les chansons s’enchaînent harmonieusement et Vincent Colin, au chant, nous offre une interprétation très juste qui se marie parfaitement aux différents climats proposés par le groupe. Composé de ballades avec Entre deux rives et Hier, de rythmiques à la signature plus rock et plus puissantes avec Qui va là et Partir ou de moments langoureux avec Avant, dont les sonorités nous évoquent le talentueux Patrick Watson, on vous le réaffirme : ce disque est magnifique !
François Guernier
SAGES COMME DES SAUVAGES
Luxe misère
(Zamora)
Pour ce deuxième album, Sages comme des Sauvages, duo belge devenu quatuor s’enrichit d’un envoûtant basson, de percussions inventives, et de quelques invités exotiques (Kate Stables, Danyèl Waro). Luxe misère, c’est l’occasion de s’interroger sur les vicissitudes du monde moderne et de continuer à mêler des rythmes des quatre coins du globe. Ils chantent en français, en créole réunionnais, en anglais, et même en grec, et leurs voix se répondent avec toujours autant de bonheur. L’album est illustré d’une magnifique pochette, signée Hippolyte, aussi fourmillante que leur univers musical, elle est construite elle aussi sur un oxymore : le lion du Douanier Rousseau en pleine jungle en miroir aux gratte-ciels. Où est le luxe finalement ? Elle montre l’arrivée d’un nouvel être dans leur couple, qui leur a sûrement inspiré les très beaux Oiseaux parents. Un nouveau voyage plein de saveurs.
https://sagescommedessauvages.org
Audrey Lavallade
PEKKA
Sugar sugar
(Music Unit)
Pekka a de quoi séduire avec ce premier album de chansons faussement légères. La première accroche se fait grâce à la pop sucrée et joyeuse de la Martiniquaise : elle y distille un fond de musiques caribéennes pour des rythmiques aussi entêtantes que dansantes au son des flûtes, cuivres, claviers ou cordes des cinq musiciens qui l’entourent. L’oreille prend ensuite le temps d’apprécier cette artiste possédant un sens aigu de la formule, ces images qui vous surprennent autant qu’elles vous parlent, qui souvent font sourire. L’usure du couple est ainsi associée à un lundi ou un café froid, l’enfant est désiré car il tuerait l’ennui et que c’est mieux qu’un chat, la Solitude est une bonne compagnie meilleure que Les amours parenthèses (ou les amours éphémères)… Finalement, c’est lorsqu’elle chante en créole dans le titre Mais ça pas possible, qu’elle laisse place à l’émotion pure. Pekka, la piquante et pétillante, est une personnalité attachante.
Stéphanie Berrebi
JEPH
Mon pays
(Auto-produit)
Ce CD était très attendu. Depuis que Tournée Générale a été mis en « pause », JePh, le chanteur leader s’est mis à chanter ses compositions dans des lives toujours très appréciés. L’auteur séduit par son écriture forte et précise, le chanteur interprète avec enthousiasme, le guitariste expérimenté ponctue le texte. Tout cela est JePh, doué et inspiré. Que ce soit dans ses chansons d’amour (Petite est une pépite, La fille du soleil un texte en or) ou dans ses textes parléschantés, l’artiste nous embarque à la manière d’un Leprest, la musique en plus. Ce JePh a le sourire dans la voix, et c’est charmant, surtout quand il chante pour son pote Gauvain Sers. La douce mélodie chante l’amitié, la voix est ronde et belle. Le garçon hypersensible chante son intimité avec une tendresse romantique, ses amours, sa famille, ses amis. Avec le rappeur Nixo, sur un texte d’actualité, et avec Stephen Harrisson à la basse, le CD se termine en force et en beauté.
Annie Claire
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